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Tirer les marrons du feu

La Californie est un état américain qui se démarque de la politique fédérale. Alors que le président Trump s’est retiré de l’Accord de Paris le premier juin dernier, l’état rebelle annonce cette semaine son intention de monter la plus grande initiative de recherche sur les changements climatiques, leur atténuation et l’adaptation à leurs conséquences.  Le projet, piloté par les grandes universités, s’il se concrétise, sera le plus grand investissement jamais fait dans le domaine de la recherche en environnement. Dans le numéro du 17 août de la revue Nature, on trouve un article (http://www.nature.com/news/california-scientists-push-to-create-massive-climate-research-programme/)  qui annonce les paramètres de ce projet ambitieux. Il est bien connu que la Californie n’a pas peur de l’innovation !

Mais en Californie ou ailleurs, la recherche se heurte toujours au manque de financement. Il n’y aura jamais assez d’argent pour soutenir toutes les bonnes idées. Alors, que proposent les universités pour régler ce détail ? Pour les promoteurs du projet, c’est le revenu du système Western climate initiative (WCI) d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre  auquel participe le Québec et bientôt l’Ontario qui devrait être mis à contribution.  Ce système impose aux entreprises de réduire leurs émissions ou d’acheter des crédits d’émissions pour justifier leur atteinte des objectifs déterminés par l’état. La cible du Québec est de réduire les émissions totales de la province de 20% par rapport à 1990 en 2020 et de 37,5% en 2030, la cible la plus ambitieuse en Amérique du Nord. Les crédits compensatoires sont générés par des émetteurs non règlementés qui font des projets de réduction ou par des entreprises qui dépassent leur cible. Les états responsables du système vendent des quotas aux entreprises, ce qui génère des revenus importants. Au Québec, ces fonds sont dédiés au Fonds vert qui aura récupéré plus de trois milliards de dollars en 2020.

Le projet californien vise à soutenir les universités pour faire de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée permettant de trouver des solutions. Ces solutions pourraient constituer le « Manuel de pilotage du vaisseau spatial Terre » pour atteindre la cible de l’Accord de Paris.  Il ne faut pas négliger non plus l’avancement technologique et les innovations de procédés qui peuvent résulter d’une telle initiative. Appelé « California Climate Science and Solutions Institute » le projet pourrait se réaliser rapidement, les 10 campus de l’Université de Californie et des institutions privées comme Caltech et Stanford s’y sont associés. Les professeurs de toutes ces institutions pourraient voir financer leurs recherches. Il reste à convaincre la législature de libérer les fonds, ce qui n’est pas encore acquis, on s’en doute. Toutefois, les promoteurs croient qu’on pourrait inaugurer l’Institut en septembre 2018.

Il serait tout à fait possible d’imaginer quelque chose de semblable au Québec. Le Fonds vert pourrait être dédié en partie à la recherche universitaire. Nous avons déjà le Consortium Ouranos qui depuis 2002 travaille à comprendre la climatologie régionale, à prévenir les impacts et à préparer l’adaptation.  Dans le réseau universitaire, les besoins sont grands et l’apport d’un fonds dédié à la recherche sur les changements climatiques pourrait stimuler beaucoup d’initiatives prometteuses et améliorer à la fois la sécurité des citoyens et la compétitivité industrielle. Si ce programme était jumelé avec celui de la Californie, nos chercheurs auraient accès à encore plus d’argent et d’expertise.

Les innovations arrivent rarement sans la recherche. Les états qui l’auront compris seront ceux qui pourront tirer les marrons du feu et développer leur économie dans un monde où la contrainte climatique sera de plus en plus à l’ordre du jour.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Mettre la marine au pas

La mondialisation des échanges économiques qui s’accélère depuis plus de 40 ans a permis le développement exponentiel du transport maritime. Celui-ci s’est en effet multiplié par deux depuis 1990 alors qu’on délocalisait la production industrielle vers les pays émergents, transportant ainsi de plus en plus de biens manufacturés et de matières premières d’un continent à l’autre. Mais si les bateaux naviguent d’un pays à l’autre, les armateurs eux, sont soumis aux règles du pays dans lequel ils sont immatriculés (ce qu’on appelle le pavillon) jusqu’à ce qu’ils pénètrent dans les eaux territoriales du pays de leur destination. Cela signifie que les règles qui s’appliquent en termes de fiscalité, de salaires et d’inspection sont déterminées par le pavillon alors que les règles de navigation, de pollution et autres sont appliquées dans les eaux territoriales par les pays dont les entreprises font appel aux services des armateurs. Cette situation favorise un très grand laxisme dans le domaine du transport maritime. En effet, 71% du tonnage marchand était enregistré dans des pavillons de complaisance en 2016. Ce sont des pays comme le Panama, le Libéria ou les Îles Marshall, où les armateurs jouissent de très faibles contraintes fiscales et d’un droit du travail quasi inexistant.  Cela explique bien des histoires d’horreur.

 En revanche, en vertu du droit international de la mer, les autorités portuaires du pays d’accueil peuvent arrêter des navires et forcer les armateurs à y effectuer des réparations lorsque leur état est jugé dangereux. Des amendes peuvent aussi être imposées pour des contrevenants. Dans le monde de la marine, les meilleures pratiques sont donc le plus souvent des mesures volontaires des armateurs et en général, ces industriels sont réfractaires à la réglementation. Celle-ci a toutefois sa raison d’être, comme on le constate si on étudie les accidents pétroliers.

 Dans un rapport publié par la Fédération internationale des armateurs pétroliers en début d’année, la tendance des accidents impliquant des déversements de pétrole de plus de 700 tonnes est en nette régression depuis les années 1970. La moyenne annuelle de ces déversements de grande importance est passée de 24,5 entre 1970 et 1980  à 3 dans la décennie 2000-2010 et à 1,8 entre 2010 et 2015. C’est d’autant plus remarquable que le trafic n’a cessé d’augmenter pendant toute cette période. Il n’en demeure pas moins que 7000 tonnes d’hydrocarbures ont été déversées dans les océans en 2015, conséquence de deux événements majeurs et de six fuites d’amplitude moyenne comprises entre 7 et 700 tonnes.

La raison est simple. Après les grands naufrages, comme l’Exxon Valdez en 1989, l’Erika en 1999 et le Prestige en 2002, de nombreuses réglementations ont été mises en place pour limiter les pollutions. Les Etats-Unis ont été les premiers à prendre des mesures avec l’Oil Pollution Act en 1990, avant d’être suivis par l’Union européenne. Malgré les protestations des armateurs, la structure des navires a changé avec la généralisation des pétroliers à double coque, le nombre des contrôles a augmenté et le montant des amendes est devenu dissuasif, atteignant le million de dollars ou plus pour des déversements volontaires. Cela coûte désormais moins cher de déverser les déchets d’un navire dans une zone portuaire dédiée au déballastage que de payer une amende pour dégazage en mer. Money talks !

 La structure des transports maritimes internationaux rend difficile d’établir les responsabilités en cas d’accident. Compte tenu des impacts des naufrages et accidents maritimes, de la tentation de faire des économies à tout prix, on ne peut que souhaiter que le transport maritime soit mieux règlementé dans l’avenir. Devant la fragilité grandissante des écosystèmes océaniques et de certaines espèces menacées comme la baleine noire, il faut plus de règles.  Les mesures volontaires ne seront jamais suffisantes.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

La nature, un bon placement ?

Pourquoi les assureurs s’intéressent-ils à investir dans la protection de certains milieux comme les mangroves, les récifs coralliens et les marais côtiers ? Pourquoi devrait-on payer des populations rurales pour qu’ils protègent les forêts ? La réponse est la même : les services que nous rendent les écosystèmes ont une valeur économique réelle qui dépasse largement le coût de leur protection.

 Les mangroves sont des forêts de palétuviers et d’autres arbres résistants à l’inondation de leurs racines. On les trouve un peu partout au bord des côtes tropicales. Tout comme les récifs coralliens côtiers, elles protègent le littoral contre l’énergie des vagues pendant les fortes tempêtes et évitent ainsi que le sol soit emporté par l’érosion. Pour les assureurs, elles représentent une protection efficace pour éviter d’avoir à payer les dommages causés aux propriétés riveraines. C’est d’autant plus important que durant la décennie 2005-2015, les dommages de ce type ont augmenté de 31% par rapport à la précédente et que cette tendance ne risque pas de s’atténuer.  Dans un rapport publié en juin par l’assureur Lloyd’s, les auteurs identifient plusieurs pistes de financement, avec des bénéfices attendus aussi bien pour la conservation des écosystèmes que pour la prévention des dégâts climatiques.

Dans une approche financière mettant en valeur les efforts de conservation du littoral et des outils financiers novateurs aussi bien pour assurer les dégâts que pour financer la prévention naturelle, les auteurs proposent de réorienter partiellement les fonds normalement dédiés à la réparation vers la prévention naturelle. Pour Lloyd’s, la prise en compte de ce capital naturel pourrait d’ailleurs bénéficier aux clients, par exemple les villes côtières, dont les frais d’assurance pourraient être revus à la baisse si la compagnie estime qu’ils sont dotés de protections naturelles en état satisfaisant.

Mais comment faire lorsqu’il faut maintenir des populations locales qui tirent leur subsistance de la coupe des forêts ? Un mécanisme appelé REDD+ propose de payer les habitants pour protéger les forêts. Bien sûr, en évitant la déforestation, on peut conserver du carbone stocké dans les arbres et maintenir les autres services de l’écosystème comme la production d’aliments, la purification de l’eau et la biodiversité. Malheureusement ces bénéfices sont peu ou mal appréciés des populations locales et les paiements ne sont pas toujours bien répartis au sein des populations. Cela explique que peu d’exemples de succès patents et durables aient été enregistrés jusqu’à maintenant. Il se trouve souvent des « p‘tit-vites » pour couper illégalement les arbres qu’on devait conserver. L’efficacité de ces projets est rarement évaluée avec suffisamment de rigueur, ce qui met un bémol sur les bénéfices de ce type d’opération

Dans la revue Science du 20 juillet dernier, on rapporte le cas d’un projet en Ouganda qui a fort bien réussi. En effet, sur un échantillon de villages choisis au hasard dans le pays, on s’est rendu compte que le couvert forestier montrait une ouverture de 4,2% autour des 60 villages où on avait payé les gens pour protéger la forêt alors que pour les 61 villages qui ne recevaient rien, cette ouverture était de 9,1%. Pour une somme de 40$ par hectare, équivalent à ce que leur aurait rapporté la coupe du bois cela a été un incitatif significatif pour conserver les forêts.

Les services que nous rendent les écosystèmes ont une valeur économique immense mais ils n’ont pas encore été intégrés dans les analyses économiques. Il est de plus en plus évident qu’il est plus avisé d’y investir avec le concours des populations locales. Cela renforce la pertinence du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui veut à la fois réduire la pauvreté, maintenir les écosystèmes, lutter contre les changements climatiques et se protéger de leurs effets.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Un appel pressant

Le 2 août 2017  était le jour où on a dépassé en théorie la capacité des écosystèmes de la planète de fournir à l’humanité des ressources renouvelables. Cette mesure, calculée à chaque année par le Global footprint network (www.globalfootprintnetwork.org) est basée sur un indicateur développé il y a une vingtaine d’années appelé l’empreinte écologique. Au-delà de son effet médiatique facile à vulgariser car il nous dit combien de planètes il nous faudrait pour continuer à vivre au même rythme, l’empreinte écologique est une approximation qui est très fortement déterminée par les émissions de CO2. Comme tout le monde le sait, ces émissions dépassent la capacité de la végétation terrestre et des océans pour l’absorber, ce qui fait que sa concentration augmente à chaque année un peu plus, accélérant d’autant les changements climatiques. La date de dépassement de la capacité terrestre signale l’urgence de réduire notre empreinte écologique pour éviter de franchir les limites planétaires.

 James Hansen est un des climatologues les plus connus au monde. Chercheur au Goddard Institute for Space Studies de la NASA pendant 43 ans, il est aujourd’hui professeur à l’Université Columbia de New-York.  Avec 14 collègues climatologues, il a publié le 25 juillet dans la revue Earth Systems Dynamics un long article qui nous rappelle une vérité qui dérange. Nous ne sommes pas du tout sur la voie de la stabilisation du réchauffement. C’est même tout le contraire. C’est d’ailleurs la même chose que disent David Viktor et ses collègues dans la revue Nature du 1er août. Les réductions promises par les pays ayant ratifié l’Accord de Paris sur le climat ne vont pas assez vite (http://www.nature.com/news/prove-paris-was-more-than-paper-promises). Les conséquences d’un réchauffement dépassant deux degrés auront comme conséquence de fragiliser la capacité des écosystèmes de la planète à nous fournir des ressources renouvelables. Avec l’augmentation prévue de la population planétaire qui devrait dépasser 10 milliards de personnes avant la fin du siècle, c’est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir.

Ces trois sources vont dans le même sens. Il faut agir plus vite et plus fortement, partout dans le monde. Pour y parvenir, il faudra resserrer les normes de consommation des véhicules, augmenter la proportion d’énergie de sources renouvelables, améliorer l’efficacité énergétique, réduire la consommation de viande et bien d’autres actions qui réduiront  nos émissions de gaz à effet de serre et notre empreinte écologique par la même occasion.

L’équipe de Hansen va plus loin en proposant d’augmenter fortement la captation du carbone. Selon eux, il faudrait retirer ainsi de l’atmosphère au moins 150 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de 4 années complètes au rythme actuel, pour espérer stabiliser le climat au dessous de 2 degrés C et atteindre l’objectif de l’accord de Paris. Cela peut se faire en replantant des forêts sur les zones où elles ont disparu, enle couplant l’utilisation de bioénergie (agrocombustible ou biomasse forestière résiduelle) et de séquestration du carbone, en fertilisant les sols avec du charbon de bois et en appliquant d’autres mesures permettant de faire passer le CO2 de l’atmosphère dans les écosystèmes ou dans la croute terrestre.

Depuis près de 15 ans, nos recherches sur la séquestration du carbone dans la forêt boréale, l’empreinte carbone du matériau bois et l’utilisation énergétique de  la biomasse forestière résiduelle nous ont permis d’apporter notre modeste part de réponses à cette grande question. Le grand public peut faire sa part et diminuer son empreinte écologique en participant à Carbone boréal (http://carboneboreal.uqac.ca).

Pour répondre à l’appel pressant des scientifiques et réduire vraiment notre empreinte écologique, il faudra plus de recherches et plus d’actions concrètes. À  vous de jouer !

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Un héritage édifiant

Les relations entre le gouvernement américain et l’industrie ont fait l’objet de nombreuses histoires plus ou moins reluisantes. Le financement des partis politiques y est sans doute pour quelque  chose. Mais la pratique des lobbies omniprésents dans la politique américaine, les secrets industriels et la proximité de l’industrie et des militaires  créent des conditions favorables pour des collusions qui mettent rarement l’intérêt public en tête de leurs préoccupations. Quant à l’environnement, on repassera. Le 26 juillet, deux organisations américaines ont mis en ligne un compendium de textes qu’ils ont appelés les « Poison papers » (www.poisonpapers.org). Collectés depuis 40 ans par la militante Carole Van Strum, les 20 000 documents ont été légués à deux associations, le Center for Media and Democracy et le Bioscience Resource Project qui les ont scannés et mis en ligne où tout-un-chacun peut les consulter.

C’est une histoire d’horreur qui montre comment l’industrie chimique et des agences du gouvernement des Etats-Unis ont caché la vérité sur les effets toxiques de nombreux produits chimiques utilisés couramment. Ces documents internes, dont certains remontent aux années 1920, comprennent des études scientifiques, des rapports, des mémos internes ou des comptes rendus de comités. Ils révèlent les manœuvres peu avouables des entreprises pour cacher la toxicité de leurs produits. Ces documents, issus pour la plupart d’organismes publics tels que l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA), le service forêts du département de l’agriculture (USDA Forest Service), l’agence fédérale des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) ou le département de la défense, concernent de nombreuses entreprises.

Le système américain est propice à ce genre de choses. L’industrie du tabac et celle du charbon ont utilisé les mêmes firmes de lobbyistes pour défendre leurs prétentions sur l’innocuité du tabagisme pour la première et sur la non-existence des changements climatiques pour la seconde. Dans sa conférence d’ouverture du Forum politique de Haut Niveau au siège des Nation Unies le 17 juillet dernier, le professeur Jeffrey Sachs de l’Université Columbia déclarait : « Les Etats-Unis sont mal placés pour donner des leçons au reste du monde concernant la corruption. Dans la dernière campagne présidentielle, l’industrie des carburants fossiles a versé 100 millions de dollars en contribution aux candidats. C’est de la corruption, mais légale tout simplement ! » Cela explique probablement pourquoi les décrets du président Trump sont orientés au détriment de la science, au mépris du poids des évidences.

Les « Poison papers » résultent de l’opiniâtreté d’une militante qui a accumulé des preuves pour faire interdire l’arrosage à « l’Agent orange » pour le traitement des plantations dans la forêt près de laquelle elle habitait. Ce puissant phytocide utilisé durant la guerre du Vietnam a finalement été interdit en 1983. Mais on y trouve aussi des informations sur plusieurs autres substances. Ils totalisaient trois tonnes de papier qui étaient entreposés dans une grange en Oregon. Leur publication a une valeur plus anecdotique que légalement incriminante. Cependant, on peut en tirer une leçon sur les dérives d’un système qui protège les puissants au détriment de la santé des citoyens et de la qualité de l’environnement. Ils nous montrent aussi que l’information scientifique doit être publique, compréhensible et largement diffusée, sans quoi elle devient un pouvoir dans les mains d’intérêts pas toujours avouables. En ce sens, l’héritage de Mme Van Strum est édifiant.

De plus en plus d’entreprises se dotent de politiques de développement durable et s’engagent dans des modes de production durables. Cela suffira-t-il à éviter en 2050 qu’on répète la triste histoire qui nous est racontée par les « Poison papers » aujourd’hui ?

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

L’auto électrique, une panacée ?

Avec le championnat de Formule E à Montréal samedi dernier, on a beaucoup entendu parler de la voiture électrique comme solution universelle pour le transport durable. La question vaut la peine qu’on s’y attarde avec un œil critique.

 En effet, les planètes semblent bien alignées pour une pénétration massive du marché par cette technologie dans un futur rapproché. D’abord, de plus en plus de constructeurs offrent des produits, encore chers certes, mais abordables par la classe moyenne supérieure (celle qui part les modes). Volvo a même annoncé qu’il n’offrirait plus de modèles à moteur thermique dans moins de 10 ans.  Tesla fournit uniquement des voitures électriques et travaille à démocratiser ses modèles.  La densité de charge des batteries augmente de manière exponentielle et leur temps de recharge diminue très rapidement, ce qui réduit d’autant le problème de l’autonomie. Deuxième composante de l’équation : des gouvernements comme la France, la Suède et la Norvège interdiront la vente de modèles à essence ou diésel avant 2040. Cela veut dire qu’un jeune né cette année dans ces pays n’aura peut-être jamais la possibilité de conduire ce type de véhicules, sauf à titre de collectionneur de « belles d’autrefois ». En outre, dans le cadre de la lutte aux changements climatiques, de plus en plus de pays imposent un prix aux émissions de CO2, ce qui provoquera une hausse le prix des carburants. Enfin, dans de nombreuses villes, la qualité de l’air affecte la santé des citoyens et l’automobile thermique est un des facteurs principaux de sa détérioration. Les modes de transport électrique ne causent pas de pollution de l’air dans les villes. Comme l’humanité s’urbanise de plus en plus, cela devient un enjeu politique majeur.

 Mais il y a un côté moins reluisant à cette médaille. La majeure partie de l’électricité, dans la plupart des pays, est encore produite avec des carburants fossiles. Malgré cela, l’efficacité de la motorisation électrique par rapport aux moteurs à combustion permet des gains en matière d’émissions de CO2 mais ceux-ci sont réduits par rapport à une fourniture en électricité de source renouvelable. Mais, s’il y a toujours plus de voitures individuelles, l’objectif de carbo-neutralité du transport sera d’autant plus difficile à atteindre.

 Car c’est là que le bât blesse. L’automobile individuelle comme moyen de transport est clairement non viable à long terme. Pour produire une auto, il faut extraire des ressources naturelles, des minéraux pour la carrosserie et les composantes comme l’ordinateur de bord, le moteur ou les batteries, du pétrole pour les plastiques et bien sûr d’énormes quantités d’eau et d’énergie. En fin de vie, ces matériaux ne sont pas tous recyclés ni même recyclables. Et cela est vrai pour les voitures à essence comme pour les voitures électriques. En outre, que les véhicules soient électriques ou non, plus il y en a sur la route en même temps, plus on augmente la congestion, ce qui demande de construire de plus en plus d’infrastructures, au détriment des écosystèmes productifs ou des terres agricoles. Tout cela pour un objet qui reste stationné 95% de sa vie utile.

 La voiture électrique n’est donc qu’une des composantes de la mobilité durable que l’on souhaite dans l’avenir. Pour l’horizon 2050, il faudra repenser la ville et offrir un maximum d’occasions pour le transport actif et collectif. Il faudra aussi, comme on le fait dans les pays scandinaves, rendre difficile et coûteuse la possession d’un véhicule individuel.

 La technologie n’est qu’une partie de l’équation. Il faut améliorer la planification et la vision et surtout changer les comportements et les aspirations individuelles. C’est un défi beaucoup plus grand qui passe par l’éducation. Heureusement, il n’est pas trop tard pour commencer, mon petit-fils Charles ne rentrera à l’école que dans trois ans !

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales

Quatre-vingt-dix-sept pour cent !

Pour la plupart des étudiants, une note de 97% serait un objet de fierté et personne à l’école n’oserait dire qu’il ne mérite pas son diplôme. Avec ce score presque parfait, on peut marcher la tête haute. Mais lorsqu’on parle de consensus scientifique, la chose est moins claire. Le 18 juillet, un article dans la revue « Environmental communication » analyse la fameuse affirmation qui veut que 97% des scientifiques s’entendent sur le fait que les changements climatiques récents sont d’origine humaine. Selon les auteurs, il y a un danger d’utiliser cette affirmation comme le font beaucoup de groupes écologistes à l’appui de leurs revendications.

D’abord d’où vient le chiffre 97% ? Y a-t-il eu une étude scientifique sur le sujet ? Un sondage ? Et de qui parle-t-on quand on parle des scientifiques ? Sont-ce uniquement des climatologues ? Des physiciens ? Des chimistes ? Des géologues ? Des biologistes ? Des glaciologues ? Est-ce qu’on voit plus large et qu’on inclut les spécialistes en sciences humaines ; les économistes, les sociologues ? Déjà, en prêtant flanc à ces questions, le chiffre devient douteux.

Mais en réalité, d’où vient-il ce chiffre ? Dans le rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC publié en 2013 on évaluait avec un très haut niveau de certitude, correspondant à 97%, la probabilité que les causes du réchauffement climatique soient d’origine humaine. Il y a ici un grave glissement de sens : être sûr à 97% ne signifie pas que 97% des scientifiques sont sûrs ! Une étude également publiée en 2013 évaluait que les scientifiques, du moins ceux qui publient sur le sujet, font référence dans à 97.1% des articles, à des changements climatiques induits par l’activité humaine. Une autre plus récente va même jusqu’à 99,14%. Cette donnée est plus facile à vérifier. Mais est-ce pour autant utile de le savoir avec une telle précision ?

En effet, comme le soulignent les auteurs, des sociologues,  on n’a pas besoin d’attendre qu’il y ait l’unanimité absolue de la communauté scientifique pour agir. De plus, les débats entre les scientifiques sont nombreux et vifs. La nature de la science est de questionner les faits sans relâche pour mieux comprendre le réel. Cette démarche exige du sens critique et on n’en manque pas dans la plupart des facultés !

Les formules magiques sont séduisantes. Un jour, quelqu’un dans une conférence de biologistes avait affirmé que depuis le début de séance, 17 espèces avaient sans doute disparu. Il faisait référence au taux de disparition théorique des espèces qui était à l’époque présumé par certains groupes écologistes. Étant président de séance, je me suis permis de lui rabattre le caquet en disant : « Puisque vous l’affirmez, pourriez-vous les nommer ? » Grand silence. Un chiffre n’est pas un argument. Même si le type voulait attirer l’attention sur l’urgence de se préoccuper de la biodiversité, ce qui est une vérité absolue, son extrapolation sur une extrapolation elle-même issue de données très incertaines l’a desservi. Peu importe que 97% des scientifiques de tout acabit soient d’accord avec quelque chose, cela ne veut pas dire qu’ils ont raison. En revanche, que des experts du climat ayant analysé la littérature mondiale publiée sur le sujet aient la presque certitude que les changements climatiques n’ont pas d’autres causes que les actions des humains et qu’ils soient capables de le démontrer par des études sérieuses et documentées, révisées par les pairs, c’est beaucoup plus fort, mais il faut plus de mots pour le dire. Là réside le piège.

Les climatosceptiques qui sévissent encore savent profiter de la naïveté des gens. À chaque formule magique, ils en assèneront une autre qui sème le doute. J’en suis convaincu à 97% !

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Des réfugiés climatiques payants ?

Après que le président Trump ait annoncé le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris le 1er juin dernier, le président Macron de France a lancé un appel historique : « Make our planet great again ! » paraphrasant ainsi le slogan de campagne de son homologue américain aux visions protectionnistes « Make America great again ! ». Mais au-delà des formules choc, le président français a encouragé les chercheurs américains spécialisés dans le domaine des changements climatiques à venir poursuivre leurs travaux en France. Pour faciliter les choses, Paris a débloqué des budgets conséquents pour les accueillir. Il accueillait en quelque sorte des réfugiés climatiques d’un autre type.

 En effet, les politiques du gouvernement Trump sont clairement anti science et à plus forte raison anti changements climatiques. Les coupures de budget qui commencent dans les organismes subventionnaires et à l’EPA, l’agence de protection de l’environnement des Etats-Unis, sont cruelles. Depuis janvier dernier, les « hommes du président » ont aussi entamé une chasse aux sorcières contre les fonctionnaires et les scientifiques qui ont contribué aux négociations sur le climat. Ces gestes mal intentionnés ont semé la consternation dans les universités et les agences de recherche du gouvernement américain comme en témoignent de nombreux éditoriaux publiés récemment dans les plus grandes revues scientifiques.

 Il semble que l’équipe Trump n’ait pas compris que la science aujourd’hui n’est plus uniquement l’affaire d’un pays ou d’un gouvernement, surtout dans un domaine comme les changements climatiques qui ont des répercussions à l’échelle planétaire. La courte vue du gouvernement Trump risque de coûter cher aux Etats-Unis. En effet, au-delà de ce que coûtent les salaires et les subventions des chercheurs, les retombées de leurs travaux, en termes d’innovation, de partage d’expertises et de réputation pour un pays, dépassent largement l’investissement qu’on y consacre.  Emmanuel Macron semble l’avoir compris.

 La revue Nature, dans son numéro du 19 juillet, faisait état de la mouvance des scientifiques américains qui ont décidé de répondre à l’appel d’Emmanuel Macron. Avec un budget de 60 millions d’euros (cent millions de $), les candidatures affluent. C’est probablement l’investissement le plus payant qu’ait fait la France depuis bien longtemps. Des milliers de candidatures de scientifiques américains ont déjà été reçues à tel point que l’Allemagne, jalouse de ne pas avoir eu l’idée en premier en rajoute. Le pays d’Angela Merkel tente en effet à son tour d’attirer des réfugiés climatiques payants.

 Pourquoi ces réfugiés d’un genre inédit valent-ils la peine qu’on les recherche ? Ce n’est pas compliqué. Ces gens ont de très hautes qualifications et leur formation a été payée par les systèmes d’éducation de leurs pays d’origine ou par des bourses internationales. Ce sont aussi des gens qui ont un haut potentiel d’innovation, puisque la recherche oblige à explorer des pistes vierges. Ils doivent aussi relever des défis techniques qui profitent aux secteurs de pointe de l’industrie. Enfin, ce sont des gens qui non seulement contribueront à former de meilleurs spécialises localement, mais qui en plus serviront la réputation des universités et agences au sein desquelles ils travailleront, attirant ainsi des étudiants étrangers. Tout bénéfice !

 Le Canada est presque un satellite des Etats-Unis, pour le meilleur et pour le pire. Mais jusqu’à nouvel ordre il demeure un pays indépendant et il pourrait aussi à l’instar de la France et de l’Allemagne offrir un budget spécial pour accueillir ces réfugiés climatiques d’un nouveau genre. En termes d’investissement, c’est clairement plus prometteur que de continuer de subventionner l’exploitation pétrolière. Mais ce jugement n’engage que moi. À ceux qui pensent le contraire d’en faire la preuve.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Les étés meurtriers

Une canicule mortelle se définit comme une période de chaleur durant laquelle les autorités sanitaires enregistrent une surmortalité, c’est-à-dire un nombre de décès significativement plus élevé que la moyenne. En effet, on peut réellement « mourir de chaud ». Les personnes les plus susceptibles d’être victimes de ce genre de condition climatique sont naturellement celles dont la santé est fragilisée par la vieillesse ou par des maladies chroniques. Mais les coups de chaleur affectent aussi des travailleurs, des enfants et la chaleur accentue les effets toxiques des polluants atmosphériques. Les plus démunis ne disposent pas toujours de moyens pour se protéger de la chaleur ou pour s’hydrater correctement. Ils occupent aussi souvent des emplois pénibles ou exposés.

 Dans les pays du Sud, même si la chaleur est souvent accablante, les populations traditionnellement rurales ont appris à adapter leurs comportements pour éviter ses effets pernicieux. Mais avec l’urbanisation débridée qui accompagne leur expansion démographique, les exigences du travail industriel, la précarité des logements et de la fourniture électrique, les savoirs traditionnels ne servent plus à grand chose. D’ailleurs, on enregistre de plus en plus de canicules mortelles dans toutes les grandes villes des pays en développement. C’est ce que nous apprend un article paru dans Nature Climate Change (https://www.nature.com/nclimate/journal/vaop/ncurrent/full/nclimate3322.html) qui a recensé 1 949 études liant chaleur excessive et mortalité, portant sur 164 villes de 36 pays, pour déterminer les conditions climatiques (température, humidité) au-delà de laquelle survient une surmortalité. Environ 15% de la surface terrestre mondiale, regroupant un tiers de la population, connaît déjà au moins 20 jours par an au-dessus de ces conditions. Parmi les zones les plus exposées, on trouve une partie de l’Afrique subsaharienne, le sud de la péninsule arabique, le nord de l’Inde, l’Asie du sud-est et le nord de l’Australie. Mais les pays du Nord ne sont pas à l’abri comme l’ont démontré les épisodes de canicule mortelle qui ont affecté l’Europe en 2003 avec 70 000 victimes et la Russie en 2010 où on a enregistré une surmortalité de 10 200 personnes rien qu’à Moscou. À Montréal, l’Institut national de santé publique suit le dossier de près.

Les chercheurs ont projeté l’évolution du climat d’ici la fin du siècle selon les scénarios retenus dans le dernier rapport du GIEC. Avec le plus optimiste, qui suppose que les engagements pris par les pays dans l’Accord de Paris soient multipliés par cinq d’ici la fin du siècle, la température n’augmenterait en moyenne que de 1,7 ˚C à l’horizon 2100. Cela peut sembler modeste, mais 47,6% de la population mondiale serait alors affectée. Certaines zones dans les pays du Sud  seraient confrontées à ce danger toute l’année. Le sud-ouest des Etats-Unis et le sud de l’Europe, dont l’Italie qui dépasserait les 50 jours de canicule mortelle par an, devraient prendre des mesures énergiques pour s’adapter. Le scénario Trump, qui consiste à ne rien faire mettrait en danger 73,9% de la population mondiale, qui connaîtrait plus de 20 jours par an d’une chaleur pouvant entraîner une surmortalité

Bien sûr, une prévision n’est pas une fatalité. Il passera beaucoup d’eau dans nos rivières d’ici 2100, mais les enfants qui naissent aujourd’hui ont, au Québec, une espérance de vie qui leur permettra de vérifier si les experts ont dit vrai. Il faut retenir que les étés meurtriers risquent de se multiplier. Il y a donc un impératif d’adaptation pour agir en amont comme a commencé à le faire la ville de Montréal.

Le territoire québécois est peu susceptible d’être parmi les plus affectés, mais ce n’est pas une raison pour ne pas prendre les mesures pour éviter d’émettre plus de GES. Pensez-y la prochaine fois que vous verrez une auto tourner à vide sur un stationnement, surtout si c’est la vôtre !

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Le cauchemar d’Hedwige

À la fin du dix-neuvième siècle, de nombreuses espèces d’oiseaux exotiques avaient été amenées au seuil de l’extinction par la demande des modistes pour leurs plumes. Entre 1875 et 1905, des centaines de milliers d’oiseaux comme les aigrettes, les hérons, les sternes, mais aussi les hiboux et chouettes ont été chassés commercialement pour orner les chapeaux des dames élégantes. Certains ornements plus extravagants mettaient en vedette des chapeaux avec un oiseau entier empaillé et même un nid avec les œufs et la mère couveuse. Cela nous apparaît aujourd’hui bizarre, mais la mode est irrationnelle, c’est bien connu. Le phénomène a amené de nombreuses espèces au bord de l’extinction. Le phénomène était amplifié par la loi de l’offre et de la demande. Plus un oiseau était rare, plus on donnait cher pour ses plumes.

 Ce genre de choses est-il devenu impossible aujourd’hui ? Si on en croit un article paru dans le numéro de juillet du journal scientifique Gobal Ecology and Conservation (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2351989417300525) une espèce de chouette indonésienne est aujourd’hui menacée par la mode mondiale des aventures de Harry Potter. L’oiseau fait l’objet d’un commerce en pleine croissance depuis une vingtaine d’années. On en recensait une centaine de spécimens vendus sur les marchés chaque année avant 2001. En 2016, il s’en est vendu plus de 13 000.  La ressemblance du pauvre oiseau avec Hedwige, compagnon de l’apprenti sorcier lui a valu le surnom de Harry Potter’s owl, une condamnation sans appel. En effet, la mode mondiale des livres de J. K. Rowling et leur traduction en Indonésie a créé une demande pour cet oiseau comme animal de compagnie. On retrouve ces oiseaux uniquement sur les îles de Java et de Sumatra où les braconniers les capturent pour alimenter le marché.

 Un cinquième de la population indonésienne a aujourd’hui accès à Internet. Les gens échangent sur les réseaux sociaux les bonnes adresses pour s’offrir ce chouette oiseau de compagnie. Les chercheurs ont manifesté leur inquiétude sur la capacité des populations sauvages à soutenir cette demande. L’organisation internationale Traffic, basée en Grande Bretagne qui s’intéresse au commerce des espèces rares a aussi noté que l’exportation des chouettes indonésiennes vers l’Inde est en augmentation soutenue depuis 2010.  Cela représente un énorme potentiel pour une augmentation encore plus grande de la demande. Malheureusement, ces oiseaux supportent très mal la captivité et meurent habituellement dans le mois qui suit leur capture.

 Même si la loi indonésienne proscrit la vente d’animaux sauvages pour lesquels il n’y a pas de quota, le pays ne fait pas de recensement des hiboux et chouettes. Il y a donc péril en la demeure. Habituellement, dans ce genre de situation, les oiseaux sont perdants d’avance. Les chercheurs concluent que les hiboux et chouettes de l’archipel indonésien devraient être ajoutées sur la liste des espèces menacées du pays.

 Peut-on imputer la popularité du commerce des hiboux et chouettes indonésiens à la popularité d’un personnage de fiction ? Comme dans beaucoup de problèmes environnementaux, la question est probablement plus complexe. Une coïncidence n’est pas une explication. Néanmoins, l’hypothèse est intéressante et l’anecdote permet de nourrir notre réflexion sur le sort des espèces sauvages soumises au commerce dans notre société mondialisée. Il existe une convention sur le commerce des espèces menacées (https://cites.org/fra/disc/text.php). Qu’il s’agisse de poissons d’aquarium, de reptiles, de mammifères ou d’oiseaux vivants ou non, les douaniers ont des consignes précises. Les amendes peuvent être salées. L’équilibre de l’offre et de la demande, qui est la première règle de l’économie, peut difficilement être assuré lorsqu’une mode augmente artificiellement la demande. L’exemple des chouettes indonésiennes est éloquent.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi