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Les étés meurtriers

Une canicule mortelle se définit comme une période de chaleur durant laquelle les autorités sanitaires enregistrent une surmortalité, c’est-à-dire un nombre de décès significativement plus élevé que la moyenne. En effet, on peut réellement « mourir de chaud ». Les personnes les plus susceptibles d’être victimes de ce genre de condition climatique sont naturellement celles dont la santé est fragilisée par la vieillesse ou par des maladies chroniques. Mais les coups de chaleur affectent aussi des travailleurs, des enfants et la chaleur accentue les effets toxiques des polluants atmosphériques. Les plus démunis ne disposent pas toujours de moyens pour se protéger de la chaleur ou pour s’hydrater correctement. Ils occupent aussi souvent des emplois pénibles ou exposés.

Dans les pays du Sud, même si la chaleur est souvent accablante, les populations traditionnellement rurales ont appris à adapter leurs comportements pour éviter ses effets pernicieux. Mais avec l’urbanisation débridée qui accompagne leur expansion démographique, les exigences du travail industriel, la précarité des logements et de la fourniture électrique, les savoirs traditionnels ne servent plus à grand chose. D’ailleurs, on enregistre de plus en plus de canicules mortelles dans toutes les grandes villes des pays en développement. C’est ce que nous apprend un article paru dans Nature Climate Change (https://www.nature.com/nclimate/journal/vaop/ncurrent/full/nclimate3322.html) qui a recensé 1 949 études liant chaleur excessive et mortalité, portant sur 164 villes de 36 pays, pour déterminer les conditions climatiques (température, humidité) au-delà de laquelle survient une surmortalité. Environ 15% de la surface terrestre mondiale, regroupant un tiers de la population, connaît déjà au moins 20 jours par an au-dessus de ces conditions. Parmi les zones les plus exposées, on trouve une partie de l’Afrique subsaharienne, le sud de la péninsule arabique, le nord de l’Inde, l’Asie du sud-est et le nord de l’Australie. Mais les pays du Nord ne sont pas à l’abri comme l’ont démontré les épisodes de canicule mortelle qui ont affecté l’Europe en 2003 avec 70 000 victimes et la Russie en 2010 où on a enregistré une surmortalité de 10 200 personnes rien qu’à Moscou. À Montréal, l’Institut national de santé publique suit le dossier de près.

Les chercheurs ont projeté l’évolution du climat d’ici la fin du siècle selon les scénarios retenus dans le dernier rapport du GIEC. Avec le plus optimiste, qui suppose que les engagements pris par les pays dans l’Accord de Paris soient multipliés par cinq d’ici la fin du siècle, la température n’augmenterait en moyenne que de 1,7 ˚C à l’horizon 2100. Cela peut sembler modeste, mais 47,6% de la population mondiale serait alors affectée. Certaines zones dans les pays du Sud  seraient confrontées à ce danger toute l’année. Le sud-ouest des Etats-Unis et le sud de l’Europe, dont l’Italie qui dépasserait les 50 jours de canicule mortelle par an, devraient prendre des mesures énergiques pour s’adapter. Le scénario Trump, qui consiste à ne rien faire mettrait en danger 73,9% de la population mondiale, qui connaîtrait plus de 20 jours par an d’une chaleur pouvant entraîner une surmortalité

Bien sûr, une prévision n’est pas une fatalité. Il passera beaucoup d’eau dans nos rivières d’ici 2100, mais les enfants qui naissent aujourd’hui ont, au Québec, une espérance de vie qui leur permettra de vérifier si les experts ont dit vrai. Il faut retenir que les étés meurtriers risquent de se multiplier. Il y a donc un impératif d’adaptation pour agir en amont comme a commencé à le faire la ville de Montréal.

Le territoire québécois est peu susceptible d’être parmi les plus affectés, mais ce n’est pas une raison pour ne pas prendre les mesures pour éviter d’émettre plus de GES. Pensez-y la prochaine fois que vous verrez une auto tourner à vide sur un stationnement, surtout si c’est la vôtre !

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil
Département des sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi

Le recyclage et les changements climatiques

« Est-ce que le recyclage des matières résiduelles peut contribuer à la lutte aux changements climatiques ? » À la Chaire en éco-conseil, cette question nous intéresse depuis plus de 10 ans. Nous avons réalisé plusieurs projets de recherche sur le sujet, à commencer par le projet « ComposTable » en 2006. Nous avons aussi évalué les bénéfices de l’épandage agricole des biosolides municipaux de Ville Saguenay sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), les réductions d’émissions liées à la substitution de carburants par la biomasse forestière résiduelle dans la Matapédia, au bioséchage des résidus verts et des boues d’abattoir et à diverses utilisations des biosolides de papetières. Toutes les utilisations de matières résiduelles organiques pour le recyclage se sont avérées préférables à l’enfouissement pour le climat. Tant mieux pour le bac brun. Mais la question demeure ouverte pour d’autres matières destinées au bac bleu. Papier, métaux, textiles, plastiques, verre demandent des analyses sérieuses au-delà de la simple affirmation vertueuse. Si on prend en considération le transport, le tri, le recyclage lui-même, on peut avoir des surprises !

 Par exemple, depuis trois ans, une de nos équipes travaille à un mandat du Ministère du développement durable de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques (MDDELCC) concernant la gestion des matières résiduelles dans les communautés nordiques isolées du réseau routier. Notre rapport a été remis le 15 mai dernier et sera mis en ligne par le ministère à la fin de l’été. Une de nos recommandations était d’évaluer les émissions de GES occasionnées par le recyclage si on devait implanter une meilleure gestion des matières résiduelles dans ces communautés. Vaut-il mieux par exemple brûler le plastique et le carton sur place en récupérant la chaleur ou envoyer ce matériel au Sud pour le recycler ?  Bien malin qui peut répondre à cette question ! Il en va de même pour toutes les municipalités du Québec qui doivent recycler une proportion croissante de leurs déchets et participer à la lutte aux changements climatiques.

 La question préoccupe beaucoup de monde. En Europe, par exemple, des tentatives ont été faites de comptabiliser ces émissions, mais les résultats n’étaient pas très robustes. En France, le 31 mai, l’Adème et la Fédération du recyclage ont lancé un logiciel qui permet d’évaluer 10 matières recyclées: ferrailles, métaux (aluminium et cuivre), papier et carton, verre, plastiques (PEHD et PET), textiles et granulats. Ce logiciel, basé sur l’analyse de cycle de vie (depuis la collecte jusqu’à la production de matière secondaire, via le tri et chaque étape de transport)  évalue deux critères : l’énergie primaire consommée et les émissions de GES. L’outil sera fourni gratuitement aux collectivités françaises dès l’automne pour éclairer la prise de décisions. Globalement, le recyclage de ces 10 matières a permis d’économiser 22,5 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2014. Cela représente 5% de toutes les émissions du pays. C’est d’autant plus intéressant que seulement 39% des matières recyclables sont effectivement récupérées.

Malheureusement, en raison des données qui diffèrent entre les équipements, les pratiques et les distances en Europe, on ne peut pas transposer ces résultats ici. Ce serait pourtant bien utile pour évaluer la performance de nos politiques de gestion des matières résiduelles dans la lutte aux changements climatiques. Les deux enjeux préoccupent le MDDELCC et interpellent Recyc-Québec, les municipalités et les entreprises. Un tel outil serait absolument nécessaire, par exemple pour évaluer les impacts climatiques d’une extension de la consigne. Sans des données scientifiques solides et pertinentes, de telles décisions risquent d’être contreproductives.

Vers la transition énergétique ?

« L’humanité n’est pas sortie de l’âge de pierre parce qu’il n’y avait plus de pierres. Elle ne sortira pas du pétrole par manque de pétrole !». Cette citation est attribuée à Ahmed Zaki Yamani, ministre de l’énergie d’Arabie Saoudite qui fut l’un des architectes du premier choc pétrolier de 1973.   Cela peut nous inciter à réfléchir à la situation actuelle du Canada qui se débat dans la schizophrénie politique ; à la fois pays exportateur de pétrole disposant d’une des plus grandes réserves au monde et en même temps obligé de s’adapter à des changements climatiques rapides et dévastateurs qui ne feront que s’amplifier dans les prochaines décennies.

Le Canada dispose aussi de très vastes flux d’énergie renouvelable à faible empreinte carbonique. L’eau, le vent, le soleil, la géothermie ou les marées peuvent aisément, avec les moyens modernes de production, de stockage et de transport, être appelés à remplacer les carburants fossiles dans un vaste projet de transition énergétique. Mais comment réaliser cette transition ? C’est cette question à laquelle s’est attaqué le collectif « Dialogue pour un Canada vert », un regroupement indépendant de 71 universitaires canadiens, à la demande de Ressources Naturelles Canada à l’automne 2016.  Leur rapport intitulé « Rebâtir le système énergétique canadien. Vers un avenir sobre en carbone » sera lancé vendredi 26 mai à Ottawa. On pourra le trouver à http://sustainablecanadadialogues.ca/fr/vert/energie à compter de jeudi soir.

 J’ai eu le plaisir de participer à cette réflexion dans un processus très stimulant piloté par l’équipe du professeur Catherine Potvin de l’Université McGill. Le rapport fait le pont entre la prise de décision et les réflexions des universitaires au sujet de l’énergie et des changements climatiques en offrant plusieurs suggestions destinées aux gouvernements canadiens (du fédéral aux municipalités) et aux citoyens pour réaliser cette transition. Malgré le rôle important des ressources naturelles et des technologies, l’enjeu majeur identifié est la gouvernance. En effet, les barrières sociales, politiques et institutionnelles sont le principal frein à la transition énergétique vers une économie sobre en carbone.

Il faut comprendre que dans toute son histoire, l’économie canadienne a été basée sur l’exploitation de ressources naturelles pour des marchés extérieurs. L’abondance de nos réserves de carburants fossiles a profondément marqué à la fois notre mode de vie, nos villes et notre infrastructure industrielle. Cela a des impacts sur l’environnement. Par exemple, la volonté d’exporter le pétrole extrait des sables bitumineux justifie au moins quatre projets de pipelines. Si l’un ou plusieurs de ces pipelines sont construits, la position concurrentielle du pétrole canadien sur le marché mondial sera améliorée, ce qui justifiera l’augmentation de l’extraction de ce dernier et provoquera une augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre. Cela rendra d’autant plus difficile l’atteinte des objectifs canadiens consentis dans l’accord de Paris. Quant à la cohérence de tout cela avec la stratégie canadienne de développement durable, il faudra une firme de communication particulièrement créative pour l’expliquer !

Un de mes maîtres à penser, le professeur Francesco di Castri disait « L’abondance des ressources naturelles n’est pas un gage de développement durable, bien au contraire ! ». Notre mode classique de développement basé sur l’utilisation de l’énergie fossile est un lourd atavisme dont il faudra se sortir. Les propositions concrètes et documentées de « Dialogue pour un Canada vert » ouvrent des pistes pour entreprendre sereinement la transition énergétique et mettre en œuvre la mécanique vertueuse du développement durable. Chacun pourra y trouver matière à réflexion.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

« Go West young tree »

Au début du dix-neuvième siècle, on disait aux jeunes hommes qui voulaient sortir de la misère d’aller chercher fortune vers l’Ouest.  Mais pour les arbres, le salut au 21ème siècle ira-t-il dans la même direction ? C’est ce que nous laisse à penser un article paru le 17 mai dans la revue Science advances.

 Pendant longtemps, on a cru que les arbres allaient progresser vers le nord et en altitude  en réponse au réchauffement du climat. L’étude, menée par des biologistes de l’Université Purdue sur 86 espèces d’arbres de l’est des Etats-Unis montre que leur progression dans les trente dernières années s’est plus faite vers l’ouest que vers le nord. En effet, alors qu’aucune des espèces ne montrait de progression vers l’est ou vers le sud, 34% montraient une progression vers le nord à une vitesse de 11 kilomètres par décade, alors que 47% montrent une progression vers l’ouest à un rythme de 15,7 kilomètres par décade, si on considère la période de trente ans. C’est considérable, sachant que lors de la déglaciation la vitesse la plus importante de progression des arbres vers le nord était de 20 kilomètres par siècle ! Mais pourquoi vers l’ouest plus que vers le Nord ?

 Les chercheurs ont identifié que le facteur principal pouvant expliquer cette migration n’était pas l’augmentation de la température, mais bien l’augmentation des précipitations qui est provoquée par l’évolution du climat. Partout où les précipitations augmentent, les arbres progressent. La majorité des arbres qui ont progressé vers l’Ouest sont des feuillus, alors que les arbres qui ont progressé vers le nord sont surtout des conifères. C’est une observation très intéressante qui ne contredit en rien le potentiel de colonisation des territoires nordiques déboisés dans un contexte de réchauffement du climat. Même si l’augmentation des précipitations est relativement faible à l’ouest, ce sont des espèces résistantes à la sécheresse et à croissance rapide qui profitent le plus de cette augmentation.

 La tendance est claire, mais plusieurs facteurs peuvent contribuer à expliquer cette extension des espèces forestières. Dans un premier temps, la forêt de l’est des Etats-Unis est un système complexe fortement influencé par les activités humaines. Pour une bonne part, elle est issue de la reconquête de terrains complètement déboisés il y a plus de cent ans.  La composition des espèces est probablement loin de ce qu’elle était à l’origine. C’est sans compter les routes, l’urbanisation, la déprise agricole ou d’autres activités qui peuvent influencer la vitesse de progression des arbres. On est donc loin des conditions qui prévalaient lors de la déglaciation. Néanmoins, on peut tirer de cette étude des questions de recherche intéressantes qui pourraient alimenter la réflexion sur ce qui se passe pour nos propres forêts.

D’abord, la vitesse à laquelle se produit le phénomène est impressionnante. Est-ce que nous observons quelque chose de comparable au nord de notre forêt commerciale où les perturbations humaines autres que le réchauffement du climat sont négligeables ?  On peut aussi s’interroger sur la façon dont les différentes espèces d’arbres réagiront au changement dans les précipitations au Québec où on prévoit une augmentation annuelle et un déplacement saisonnier s’accentuant avec le réchauffement. Enfin, les calculs de possibilité forestière qui déterminent l’allocation des volumes de bois disponibles pour les industriels devraient-ils être révisés en fonction du climat à venir ?

Les écosystèmes réagissent aux changements climatiques, il n’est plus possible d’en douter. Il faudra plus de recherches pour mieux comprendre ce qui nous attend et il y a vraisemblablement bien des surprises à la clé. Plus que jamais, la science doit précéder la prise de décision pour permettre l’adaptation.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

Splich splatch !

Le printemps 2017 passera sans doute à l’histoire pour le niveau de la crue printanière dans le bassin versant du Saint-Laurent. Outre de nombreuses maisons inondées, les dommages liés à la combinaison des fortes précipitations et de la fonte des neiges ont causé des dommages et des désagréments dont on se remettra sans doute, mais qui nous laissent présager de notre vulnérabilité aux changements climatiques. Et il y a plus.

 La semaine dernière, on a appris que la couverture de glace en mars dernier  dans l’Arctique a été la plus faible jamais enregistrée. Une importante étude signée par 90 scientifiques montre que le réchauffement va beaucoup plus vite que prévu. Les mesures du couvert de glace, de neige et de pergélisol ne cessent de diminuer (https://www.amap.no/documents/doc/Snow-Water-Ice-and-Permafrost.-Summary-for-Policy-makers/1532). Il y a une bonne raison pour cela, la température moyenne de surface de l’Arctique s’est réchauffée de 3 degrés C entre 2000 et 2014. Cela modifie de manière importante la prévision faite dans le cinquième rapport du GIEC en 2013 pour l’augmentation du niveau de la mer. Même si les émissions de gaz à effet de serre progressent selon les trajectoires respectant l’Accord de Paris, l’augmentation minimale du niveau de la mer sera de 52 centimètres d’ici 2100 et pourrait dépasser 75 centimètres. Ce sera catastrophique pour plusieurs villes et communautés localisées sur le littoral. Partout où on est soumis à la marée, de Trois-Rivières jusqu’en Gaspésie, les potentiels d’inondations viendront à la fois des hautes marées et des crues des rivières comme celles que nous vivons ces jours-ci.

 L’enjeu de l’adaptation est crucial. Des villes comme Rotterdam en Hollande, ont déjà envisagé ce problème, non sans raisons ; les terres entourant la ville sont situées jusqu’à 7 mètres sous le niveau de la mer !  La ville a adopté en 2008 un plan d’adaptation aux changements climatiques qui lui permette de rester accessible, sécuritaire, vivable et attractive pour les habitants et les investisseurs en dépit des changements climatiques au 21ème siècle. L’approche de ce plan est systémique, c’est-à-dire qu’elle prend en considération non seulement la protection des infrastructures et la sécurité publique, que les eaux viennent de la mer ou du débordement de la Meuse, fleuve à l’embouchure duquel elle est située. Le défi n’est pas mineur, puisque les infrastructures essentielles de la ville, comme l’usine d’épuration des eaux, les centrales énergétiques, les chemins de fer et la gare sont en dehors de la zone protégée par les digues qui entourent la ville. Son port de mer, un des plus actifs au monde, devra lui aussi rester fonctionnel.  Même si les digues qui protègent la ville au nord et au sud ont été conçues respectivement pour des crues de 10 000 et de 4 000 ans de la Meuse, les experts s’entendent que cela ne sera pas assez en 2100. Même si la ville elle-même est située au dessus de la mer, si le niveau de l’Atlantique cause de débordements par gros temps, les corridors routiers et ferroviaires qui mènent au centre-ville pourraient être coupés. Bref c’est un méchant casse-tête. Les autorités ont donc mis en œuvre un vaste programme qui va de l’installation de clapets anti-retour dans les égouts à la plantation d’arbres. On étudie même la possibilité d’installer des quartiers complets de maisons flottantes qui pourront s’élever sur des pilotis lors des inondations.

 Qu’en est-il chez nous ? On peut toujours appeler l’armée à la rescousse, mais qu’arrivera-t-il lorsque l’eau envahira la rue Dalhousie à Québec ou la zone portuaire de Chicoutimi à la faveur des marées d’équinoxe ? La planification systémique des inondations est un impératif pour l’adaptation aux changements climatiques. On peut s’inspirer de ceux qui s’y consacrent déjà, car cela nous pend au bout du nez.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

Une pilule, une petite granule ?

La chanson du groupe « Mes aïeux » continue avec la litanie des remèdes pour se « remettre sur le piton ». Depuis toujours, la pharmacopée permet aux humains de soigner  diverses infections qui peuvent les affecter ou tout au moins d’en atténuer les symptômes. Parmi les agents infectieux, les virus sont intraitables sauf par des vaccins ou de rares agents antiviraux.  En réalité, seul le système immunitaire peut lutter contre les virus. Les vaccins le préparent à les reconnaître pour les maîtriser, les antiviraux bloquent simplement leur propagation.

Mais qu’est-ce qui caractérise un virus ? Microscopiques parasites composés d’une enveloppe protéique et d’un brin d’acide nucléique, ils sont souvent associés à une espèce d’animal, de plante, de microorganisme ou de bactérie. En dehors de son hôte, cette curiosité du monde vivant n’a pas de métabolisme, c’est-à dire que le virus ne consomme pas d’énergie et n’a donc pas à se nourrir. Cela explique que des virus puissent se conserver indéfiniment dans une éprouvette ou dans la glace. Lorsqu’il réussit à infecter son hôte, le virus s’attache à la surface de certaines cellules dans lesquelles il injecte son ADN, sur lequel se trouve son bagage génétique. L’ADN viral s’insère dans celui de son hôte pour en prendre le contrôle et se reproduire. Dès lors, des millions de copies du virus seront produites et la cellule finira par éclater, répandant les nouveaux virus dans l’organisme. Comme la surface du virus est caractéristique, lorsque le système immunitaire apprend à reconnaître sa signature, il peut le détruire avant qu’il ne fasse ses ravages. Il y a de nombreuses déclinaisons à ce cycle, des virus comme celui de la grippe par exemple, peuvent passer d’une espèce à l’autre ; ils peuvent aussi subir des mutations qui changent les propriétés de leur surface et le système immunitaire est ainsi déjoué. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un virus est d’autant plus dangereux que le système immunitaire ne l’a jamais rencontré, qu’il se transmet facilement et qu’il est compatible avec les cellules d’un nouvel hôte. Bienvenue à la garderie !

 Les chercheurs trouvent actuellement dans l’Arctique des virus qui sont endormis dans le pergélisol depuis des dizaines de milliers d’années. Ça a été le cas récemment avec un virus géant dont on évalue l’âge à 30 000 ans. Ce virus semble infecter spécifiquement des amibes, ce qui ne pose pas d’inquiétude à prime abord. En revanche, avec le réchauffement du climat dans l’Arctique, on craint la résurgence de virus qui auraient pu infecter certains de nos ancêtres comme l’homme de Neandertal ou encore de virus inconnus qui pourraient subir des mutations et infecter les humains modernes, causant une pandémie dévastatrice.

 Lorsque les scientifiques ont voulu connaître la signature génétique du virus de la grippe espagnole, qui a fait autant de victimes entre 1918 et 1920 que la première guerre mondiale, des chercheurs américains sont allés en Alaska exhumer des tissus gelés d’une victime enterrée dans le pergélisol. Naturellement, cela s’est fait dans des conditions de sécurité maximales pour éviter de répandre ce virus mortel. Ce ne sont pas les mêmes conditions qui prévalent pour des travaux de forage par exemple.

On pourrait ainsi remettre en circulation des virus inconnus. Plus grave encore, des virus libérés du pergélisol par le dégel pourraient infecter des oiseaux migrateurs qui se nourrissent dans les étangs de la toundra. Les canards et les oies sont des vecteurs de virus transmissibles à l’homme ou à des animaux domestiques comme les poulets ou les porcs. Ces derniers sont des hôtes intermédiaires de la grippe par exemple. La menace que représentent ces virus est encore inconnue, mais il s’agit sans doute d’un des enjeux sanitaires les plus préoccupants du réchauffement climatique.

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

Le crime ne paie pas !

La lutte aux changements climatiques doit s’inscrire dans toutes les sphères de l’activité humaine. Réduire la consommation de carburants fossiles, augmenter le recyclage et l’efficacité énergétique, favoriser la séquestration du carbone dans les écosystèmes agricoles et forestiers ne sont que quelques exemples des actions susceptibles de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre à l’échelle locale et globale, individuelle et collective. Mais il existe des façons surprenantes de lutter contre les changements climatiques. J’en prends pour témoin un article paru en mars dernier dans la revue The British Journal of Criminology (https://academic.oup.com/bjc/article/3064487/The) qui démontre qu’une réduction de la criminalité pourrait contribuer à la lutte aux changements climatiques.

 L’article affirme d’emblée que les activités criminelles ont de nombreux impacts sur l’environnement et qu’il faudrait en tenir compte. En regardant l’argumentaire des auteurs, on constate que les infractions criminelles, qu’elles soient ou non déclarées à la police, occasionnent de nombreuses sources d’émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, après un cambriolage, il faut remplacer le objets volés, ce qui stimule la production de ces objets et les émissions liées à l’extraction des ressources, à leur transformation, au transport, à l’emballage et à la distribution de ces biens. Les agressions contre les personnes nécessitent des déplacements de policiers, des transports en ambulance etc. Si on attrape les coupables, il faut les traduire en justice et éventuellement les détenir plus ou moins longtemps en prison. Les auteurs ont évalué les émissions liées à l’anticipation des crimes (systèmes d’alarme, protection passive etc.), le remplacement des biens volés, les dépenses de santé pour soigner les victimes, les activités policières, les poursuites légales, l’emprisonnement des coupables et autres.  L’empreinte carbone d’un cambriolage déclaré à la police totalise ainsi  1,1 tonne de CO2 équivalent.  On a tenté d’évaluer ce que cela représentait en termes d’émissions supplémentaires de gaz à effet de serre à l’échelle d’un pays comme le Royaume Uni. Le résultat est impressionnant. Par exemple, en 1995, les émissions évaluées atteignaient presque 7,2 millions de tonnes.

 L’article nous apprend que la criminalité au royaume Uni a été réduite de 63% en vingt ans, ce qui aurait résulté en une réduction de 74% des émissions totalisant ainsi 52 millions de tonnes de CO2 équivalent sur la période étudiée. C’est considérable. Les auteurs concluent donc que la lutte contre le crime va de pair avec la lutte aux changements climatiques. Cela ne s’invente pas ! L’article détaille aussi l’évolution des émissions liées aux principaux types de crimes déclarés ou non à la police pendant la période 1995-2015.

 De façon surprenante, d’autres auteurs ont évalué que le réchauffement du climat et les catastrophes climatiques auraient un effet à la hausse sur la criminalité. On peut donc identifier ici une boucle de rétroaction positive » La lutte à la criminalité diminuant les émissions de gaz à effet de serre, cela contribue à retarder les effets du réchauffement climatique, donc de la hausse de la criminalité.

 Naturellement ce genre d’évaluation est surprenant, mais il illustre l’importance de mesurer l’empreinte carbone de nos activités. On pourrait par exemple questionner l’impact sur le climat de nos choix de modes de transport, de nos choix alimentaires, de notre consommation de meubles etc. Cela nous donnerait des options pour lutter plus efficacement contre les changements climatiques.

Que dire de plus ? Je rêve du jour où les motards et la mafia demanderont d’obtenir des crédits de carbone pour la réduction de leurs activités illégales. Ce jour là, on aura une raison de plus pour affirmer que le crime ne paie pas !

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

Si la tendance se maintient

La phrase qu’a popularisée Bernard Derome, ancien animateur du Téléjournal de Radio-Canada et commentateur des soirées électorales, est devenue un classique de la culture québécoise. La tendance, c’est la ligne directrice que le passé peut imposer à l’avenir. Dans le domaine de l’environnement, plusieurs tendances inquiètent. La réduction de la biodiversité qui se traduit par l’indicateur des espèces menacées, l’acidification des océans, la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, sont des indicateurs qui évoluent selon une trajectoire alarmante. Dans un article récent de la revue Nature Communications (https://www.nature.com/articles/ncomms14845), des chercheurs ont tenté de voir ce qui se produirait si on poursuivait l’évolution tendancielle de la concentration de CO2 dans l’atmosphère jusqu’en 2250. Puisqu’on ne risque pas de manquer de carburants fossiles d’ici là, cette hypothèse, bien qu’audacieuse, fait partie des choses possibles.

Le résultat est plus qu’inquiétant. La concentration de CO2 dans l’atmosphère atteindrait alors 2000 parties par million (ppm), contre 400 ppm aujourd’hui et 280 ppm à la période préindustrielle. Cette concentration n’est pas mortelle. On peut y être exposé dans certains endroits clos ou dans des serres, mais la présence de CO2 induit un forçage radiatif, c’est-à-dire la rétention d’énergie dans la basse atmosphère sous forme de chaleur, ce qui aurait un effet d’au moins dix fois ce que nous connaissons aujourd’hui en termes de réchauffement climatique, provoquant la fonte des glaces des deux pôles et une augmentation de plusieurs dizaines de mètres du niveau de la mer. Il est arrivé, il y a très longtemps que la concentration de CO2 atteigne ou dépasse cette valeur dans l’histoire de la Terre.

 L’article fait cependant ressortir que depuis la formation de notre planète, il y a quatre milliards et demi d’années, la brillance du Soleil augmente très lentement, ce qui se traduit par plus d’énergie incidente dans le système climatique terrestre. En revanche, l’effet de cette augmentation a été compensé par une diminution progressive du CO2 explicable par d’autres phénomènes naturels. Mais, en enrichissant de manière accélérée l’atmosphère avec du CO2 issu de la combustion des carburants fossiles, l’humanité crée de nouvelles conditions inédites. Selon l’article, un tel forçage radiatif n’a jamais été dépassé depuis 420 millions d’années, c’est-à-dire avant la période cambrienne. À cette époque, il n’y avait pas encore de vie sur les continents.  La dernière fois qu’on a approché ce genre de situation, il y a deux cent millions d’années, les Dinosaures dominaient la faune de la planète.

 On peut penser qu’une telle projection est un exercice théorique. Une température globale plus chaude de 10 à 15 degrés et une concentration cinq fois supérieure du CO2 dans l’atmosphère est un scénario extrême. Pourtant, des décisions que nous prenons aujourd’hui peuvent contribuer à ce que cela soit possible. Ainsi, l’intention affirmée du président Trump de se retirer de l’accord de Paris sur la réduction des gaz à effet de serre, son encouragement à l’industrie du charbon et son relâchement des normes de réduction des émissions des automobiles pourraient avoir un effet d’entraînement mondial, en ces temps de désarroi politique. Or, chaque année perdue pour maîtriser nos émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale met en péril notre capacité d’éviter un emballement du climat et les conséquences désastreuses qui pourraient en résulter.

 Si la tendance se maintient, la perspective d’un retour extrêmement rapide aux conditions climatiques du Triassique peut nous faire réfléchir. Les Dinosaures ne reviendront pas nous hanter, du moins pas sous leur forme reptilienne. Alors, pourquoi nous entêtons nous à les placer au pouvoir ?

Claude Villeneuve
Professeur titulaire
Directeur de la Chaire en éco-conseil

Les pesticides remis en question

Au début de mars, madame Hilal Elver, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation lançait un cri d’alarme : « Il faudra que l’agriculture apprenne à se passer des pesticides ! ». Cosigné par Baskut Tuncak, rapporteur spécial à l’ incidence sur les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelles des produits et déchets dangereux, ce rapport est un réquisitoire bien documenté sur les méfaits des pesticides pour la santé humaine et celle des écosystèmes.

 Se passer des pesticides peut apparaître ambitieux, voire contre culturel, certains diront irréaliste. Les pesticides sont une des clés de la révolution verte qui a permis à l’agriculture d’augmenter ses rendements au vingtième siècle plus vite que n’augmentait la population humaine, contribuant ainsi à réduire la faim dans le monde. Les pesticides regroupent une variété de produits chimiques toxiques, insecticides, fongicides, herbicides. Ils sont intégrés à un tel point dans l’agriculture moderne qu’il existe même des plantes génétiquement modifiées qui sont dotées d’une résistance au glyphosate pour faciliter le désherbage. C’est naturellement la même entreprise qui vend les herbicides et les semences qui y résistent. Ce pactole pour les industriels n’incite en rien à se passer des pesticides.

Bien que leur usage ait été règlementé dans les cinquante dernières années, les pesticides font plus de 200 000 morts par année selon le rapport spécial de l’ONU. Ces mortalités par intoxication se produisent à 99% dans les pays en voie de développement où les ouvriers agricoles sont souvent illettrés et travaillent sans protection. L’exposition chronique aux pesticides est quant à elle associée à de nombreuses pathologies. Les impacts sur l’environnement sont moins visibles et plus pernicieux. En raison de leur toxicité, les pesticides libérés dans l’environnement contribuent à une réduction de la biodiversité dans les écosystèmes terrestres et aquatiques et, en contaminant les nappes phréatiques et les aliments, reviennent précariser la santé humaine, particulièrement celle des enfants. Les preuves des effets à moyen et long terme des pesticides, sur le vivant en général et l’être humain en particulier, sont plus ardues à apporter, d’autant que «l’ampleur des dommages causés par ces produits chimiques est systématiquement contestée par l’industrie des pesticides et l’industrie agroalimentaire» affirment les auteurs.  Ils en concluent d’ailleurs que l’usage des pesticides dans l’agriculture industrielle « porte atteinte au droit à une alimentation suffisante et au droit à la santé des générations actuelles et des générations futures ». Le droit à une alimentation suffisante, reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme doit être prépondérant par rapport au droit des entreprises : «Les arguments selon lesquels les pesticides seraient indispensables pour préserver le droit à l’alimentation et à la sécurité alimentaire entrent en contradiction avec le droit à la santé, compte tenu des nombreux impacts sanitaires associés à certaines pratiques d’utilisation des pesticides.»

 Mais comment peut-on penser à se débarrasser des pesticides ? Les solutions sont multiples. Les auteurs du rapport plaident pour un renforcement des règlementations nationales, mais aussi pour un traité international qui prendrait en considération l’ensemble du cycle de vie des pesticides, de leur fabrication  à leur élimination. Ils insistent aussi sur les bénéfices des pratiques agro-écologiques qui permettent d’obtenir des rendements équivalents à l’agriculture industrielle sans pesticides. Il faudra pour y arriver des règlements beaucoup plus stricts des États. Le rapport est disponible à http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=21306&LangID=E.

Claude Villeneuve

Inquiétudes pour le marché du carbone

Deux approches économiques sont universellement reconnues pour soutenir la lutte aux changements climatiques : la taxation des émissions de gaz à effet de serre et l’imposition d’un mécanisme d’échange de droits d’émissions aussi appelé « marché du carbone ». Les deux approches ont des avantages et des inconvénients et elles peuvent même être combinées pour assurer une plus grande équité et une plus grande efficacité dans l’atteinte de leur objectif commun : diminuer la contribution de l’économie d’une juridiction aux changements climatiques. À terme, ces mécanismes ne seront toutefois efficaces que s’ils ont une portée suffisamment large pour éviter les fuites vers d’autres juridictions des grands émetteurs. En 2010, le Québec a fait son choix pour le marché du carbone en s’associant à la Californie dans un marché appelé « Western Climate Initiative ».

Pour contrôler son niveau d’émissions le Québec a mis en place un système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions (SPEDE) qui couvre maintenant environ 85% des sources d’émissions de gaz à effet de serre sur le territoire. Le SPEDE fixe une cible absolue à ne pas dépasser, distribue des droits d’émissions gratuits et en met une certaine proportion aux enchères en fixant un prix plancher. Les distributeurs et importateurs de carburants fossiles doivent compenser pour l’atteinte des cibles gouvernementales avec des droits d’émissions compensatoires alors que les entreprises règlementées doivent tenir un inventaire vérifié pour faire rapport au Ministère du Développement Durable, de l’Environnement et de la Lutte aux Changements Climatiques (MDDELCC) pour chaque période de référence. La première période de référence portait sur les années 2013-2014 ne couvrait que les émissions de 55 grandes entreprises émettant plus de 25 000 tonnes de CO2 équivalent par année. Au terme de cette première période, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a publié la semaine dernière une note d’intervention (www.irec.net) pour faire le bilan et examiner les perspectives de ce marché.

 Malgré des débuts encourageants, le marché du carbone WCI pose d’importantes inquiétudes pour le futur. Une poursuite, actuellement en cours aux Etats-Unis pourrait remettre en question la participation de cet état au marché. Les allocations gratuites de droits d’émissions par le MDDELCC pour la deuxième période de conformité semblent avoir dépassé les émissions réelles prévues par les entreprises. Il y a eu une chute importante de la demande pour les droits d’émissions mis aux enchères (ce qui peut être une conséquence des deux premiers). Enfin, les méthodologies permettant d’obtenir des droits compensatoires acceptées au Québec sont moins nombreuses qu’en Californie et couvrent un moins grand spectre de suppressions d’émissions, ce qui occasionne une importante fuite de capitaux du Québec vers les Etats-Unis. En effet, les entreprises assujetties au plafond peuvent se procurer des droits d’émissions compensatoires, générés par des entreprises qui ont dépassé leur cible ou qui ne sont pas assujetties à un plafond d’émissions, peu importe le territoire sur lequel elles se trouvent. En 2013-2014, ce sont 18 millions de tonnes de CO2 équivalent qui ont ainsi été achetées par des entreprises québécoises. Cela représente plus de 200 millions de dollars de moins que nos entreprises auraient pu consacrer à leur modernisation ou à augmenter leur compétitivité. C’est un piège que je dénonce depuis plusieurs années.

Le marché du carbone est une approche qui a comme principal mérite de garantir l’atteinte de cibles de réduction dans l’absolu. En revanche, c’est un outil complexe et difficile à contrôler. La Colombie Britannique, pour sa part, a opté pour une taxe sur le carbone. Le gouvernement fédéral s’est aussi rangé à cette option plus simple d’application. L’avenir nous dira qui a fait le bon choix.

Claude Villeneuve, biologiste