Croissance des stocks de carbone dix ans après boisement de terrains dénudés boréaux

Résumé

Le réchauffement du climat actuel est notamment attribuable à l’utilisation des combustibles fossiles et aux changements de vocation des terres, spécialement la déforestation, ce qui cause une perte de puits de carbone (C). L’augmentation de la capacité des puits de C terrestres est donc un moyen pour atténuer l’effet des changements climatiques. En forêt boréale, des terrains classés improductifs et appelés dénudés secs (DS) sont présents en quantités telles qu’ils représentent un potentiel réel de séquestration accru de C. Les DS sont des milieux naturellement ouverts dispersés en îlots au sein de la forêt boréale continue. Le processus de formation des DS est lié à des perturbations successives soit le feu ou des épidémies d’insectes. Une simulation réalisée à partir d’un DS récolté, scarifié puis planté montre un bilan C net devenant neutre durant la 26e année suivant le boisement. La simulation montre que les DS ont un potentiel théorique de séquestration annuelle de 1,11 C ha-1 an-1 en moyenne, pour un total de 771 C ha-1 séquestré sur 70 ans de croissance. L’hypothèse testée dans la présente étude est que les DS scarifiés et boisés, sans récolte d’arbres au préalable, montrent un bilan C neutre dix ans après boisement. Le dispositif expérimental est constitué de 7 blocs comprenant des portions scarifiées et boisées (SI) et des portions intactes (SO). Les essences utilisées étaient l’épinette noire (Picea mariana [Mill.] B.S.P.) et le pin gris (Pinus banksiana Lamb.). Dans chacun des scénarios SO et SI, des parcelles de 400 m2 ont été établies afin d’estimer la contribution totale de chacun des 4 grands réservoirs au bilan C. Des équations allométriques ont été construites pour les besoins spécifiques de l’étude. Le bilan C net dix ans après boisement est négatif avec -7,841 C ha-1 . Cela serait attribuable à la densité de l’étage arborescent initialement plus élevé dans SO. Une fois exclue des bilans C la contribution de l’étage arborescent, le résultat est un bilan net négatif de -0,62 t C ha-1 . La quantité de C contenue dans la matière organique contribue grandement au total de C présent dans les DS. Le ratio biomasse racinaire/biomasse aérienne mesuré dans l’étude est supérieur à ce que l’on retrouve normalement pour l’épinette noire, avec une moyenne de 37 %. Le scarifiage a causé une perte de C de 0,67 t C ha-1 . En additionnant la séquestration réalisée par la régénération après dix ans il de croissance, le bilan C net s’établit à -0,46 t C ha-1 . Des plantations de pin gris dans le même dispositif ont démontré une séquestration supérieure. Le bilan C net s’établit alors à une valeur positive de 0,49 t C ha-1 . Les résultats permettent de supporter l’hypothèse que le bilan C net du dispositif est pratiquement neutre dix ans après boisement, ce qui est 16 années plus tôt que dans le calcul théorique de référence. La présente étude suggère donc que le boisement de DS pourrait devenir une mesure d’atténuation efficiente dans une approche qui combinerait la préparation de terrain de type scarifiage sans coupe préalable et le boisement avec de l’épinette noire et, de façon plus accentué, du moins pendant les 10 premières années, avec du pin gris.

 

Biologiste, M. Sc., technicien à la recherche

Champs d'expertise : carbone forestier

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