FERTILITÉ DES SOLS ET NUTRITION DES PINS GRIS ET EPINETTES NOIRES 10 ANS APRÈS BOISEMENT DES TERRAINS DÉNUDÉS BORÉAUX

RÉSUMÉ

Les terrains dénudés sec (DS) étant classés comme improductifs au sein de la forêt boréale du Québec, leur capacité de support face au boisement, et particulièrement la fertilité du sol, a été jusqu’à maintenant peu étudiée. Étant donné le statut improductif des DS et leur abondance au sein de la forêt boréale québécoise, les boiser revêt un intérêt économique non négligeable. Compte tenu des nombreuses incertitudes propres à cette idée, il s’avère nécessaire de procéder à une évaluation rigoureuse de la capacité de support de ces terrains, notamment sur le plan de la fertilité. Les premiers dispositifs expérimentaux de boisement qui incluent deux types de peuplements, soit les dénudés secs (DS) et les pessières à mousses (PM), sont en parcelle principales. Ces derniers ont été implantés en 1999 et ont permis de montrer que l’épinette noire (Epn) et le pin gris (Pig) arrivent à croître de manière soutenue dans les DS scarifiés avant plantation. Il reste tout de même des limitations significatives pour la croissance et la régénération dans les DS qui seraient hypothétiquement reliées à la fertilité initiale des sols. Les résultats de plusieurs études supportent l’idée que les traits physiologiques et morphologiques des arbres influencent leur environnement édaphique immédiat. Ainsi, le fait que les DS soit hypothétiquement peu fertiles avant boisement mène à l’hypothèse que les espèces plantées en régénération influenceront davantage leur environnement dans les DS que dans le peuplement témoin productif (pessière à mousses) dont la fertilité supérieure (ou plus élevée) n’est pas contestée. Comparer deux essences au taux de croissance différent (Pig et Epn) permet également de tester d’une autre façon cette hypothèse de liens fonctionnels entre les traits des arbres et la fertilité des sols. Suite à l’analyse des traits morphologiques (hauteur, hauteur de cime vivante, rayon de cime, diamètre à la base, longueur des racines) des épinettes noires et des pins gris, les résultats montrent que la croissance est similaire dans les DS et les PM. De plus, les résultats montrent que la concentration en nutriments foliaires est aussi similaire dans les deux types de peuplements. Par contre, les analyses de sol montrent des différences significatives entre les DS et les PM. En effet, des échantillons de sol récoltés autour des arbres études révèlent que la concentration en nutriments est significativement inférieure dans les DS que dans les PM.

Le fait que les arbres plantés dans les DS croissent de manière similaire à ceux plantés dans les PM et qu’ils ne présentent pas de carence en nutriments démontre une plasticité physiologique certaine. Aussi, les résultats découlant des analyses sur la minéralisation de l’azote totale montrent l’influence positive du boisement sur l’environnement édaphique immédiat dans les PM. Bien que l’étude de Girard (2004) ait montré que trois ans après plantation, les concentrations en nutriments dans la solution de sol étaient inférieures dans les DS et qu’aujourd’hui, sept ans plus tard, des différences soient toujours visibles sur le plan de la fertilité, ces différences ne seraient pas uniquement imputables aux concentrations initiales dans le sol des DS. En effet, les aspects reliés aux communautés microbiennes du sol et/ou à la présence d’interférences allélopathiques dans les DS seraient à explorer plus en profondeur.

http://constellation.uqac.ca/2495/1/030327582.pdf

Maud Touchette, maud.touchette@gmail.com

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