Vingt-cinq ans, minimum !

J’ai assisté jeudi soir avec ma conjointe au cocktail bénéfice qui soulignait les 25 ans du Centre Québécois de Développement Durable (CQDD).  Cet événement avait une grande signification pour moi car j’ai été en 1991 le président fondateur de la Région Laboratoire du développement durable (RLDD) qui a donné le CQDD en 2003. Avant d’en arriver à la création de la RLDD, il avait fallu plusieurs années de travail patient. J’y célébrais donc plutôt un trentième anniversaire.

 Cette soirée très sympathique à l’Hôtel Chicoutimi avait pour but de faire la promotion du CQDD, mais aussi d’apporter du financement à la Fondation du développement durable qui a été créée en même temps que la RLDD. Cinq champions du développement durable de notre région avaient été invités pour l’occasion (Catherine Munger, conseillère principale en environnement de Rio Tinto, Éric Larouche président de l’Hôtel Chicoutimi et Pétrole RL, François Gagné, président de Spectube, Yves Girard, directeur général de la coopérative Nutrinor et Pierre Lavoie, co-fondateur du Grand défi Pierre Lavoie).

 À la lumière de leurs témoignages, trois éléments m’apparaissent indispensables à souligner concernant l’idée du développement durable dans la région du Saguenay Lac Saint-Jean. Ces éléments nous distinguent et nous mettent en avance dans le monde. D’abord, contrairement à l’interprétation  encore largement répandue, quand on parle de développement durable, il ne s’agit pas que de la conservation et de la protection de l’environnement. Nos champions ont parlé d’entreprises prospères, de travailleurs heureux, de saines habitudes de vie, de vitalité culturelle ET d’environnement. Il s’agit d’un progrès manifeste qui aurait été impensable il y a 25 ans. En 1991, on opposait simplement économie et environnement et le modèle des trois sphères (économique, social et environnement) faisait figure d’innovation.

 Deuxièmement, l’importance du changement des valeurs sociales avec le passage des générations a été fortement soulignée. La montée en puissance des valeurs environnementales bien sûr, mais aussi l’ouverture aux autres, le pacifisme, la solidarité entre les humains et la prévention dans le domaine de la santé sont des valeurs nouvelles qui vont caractériser la prochaine génération. Il est plus que temps de s’y préparer.

 Enfin, et ce qui m’a fait le plus plaisir, la reconnaissance du rôle de l’éducation à tous les niveaux et l’intelligence de l’accompagnement plutôt que la confrontation sont ressorties comme les clés de cette transformation sociale qui sous-tend l’idée que le développement puisse être durable. Depuis plus de 40 ans, c’est ma conviction profonde qu’on ne peut changer le monde sans éducation. Par l’éducation, les professeurs du primaire à l’université, les formateurs techniques, les vulgarisateurs scientifiques nous permettent jeunes comme moins jeunes d’envisager les choses autrement, d’ouvrir notre esprit aux différences, d’écouter avant de critiquer, de construire plutôt que de détruire et de découvrir les lois de la Nature pour mieux l’apprécier et la protéger.

 Il y a 25 ans, cela serait passé pour une utopie de « pelleteux de nuages ». Aujourd’hui, c’est un discours articulé qui nous est partagé par des gens d’affaires, des leaders crédibles. Il sera d’autant plus facile pour eux de convaincre leurs pairs et les hommes et femmes politiques qui définiront notre avenir.

 Pendant la soirée, j’ai rencontré plusieurs anciens élèves et des partenaires de la Chaire en éco-conseil qui ont souligné combien la persévérance de notre travail les a influencés et rendus meilleurs pour affronter les défis d’aujourd’hui. Mais le secret du développement durable, c’est le temps. Il ne faut pas avoir peur de voir loin. En 1991, les générations futures se concevaient à l’horizon 2016. Il faut d’ores et déjà envisager le monde de 2041. Longue vie au CQDD !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


3 + = dix