Croissance et rendement de la régénération naturelle d’épinettes noires (Picea mariana (Mill.) B.S.P.) après traitements sylvicoles dans les terrains dénudés boréaux

RÉSUMÉ

Le domaine de la pessière à mousses du Québec présente à certains endroits, des îlots de forêts clairsemés où la densité arborescente est inférieure à 40 %. Ces milieux sont appelés dénudés secs (DS), ils sont fréquemment recouverts de lichens accompagnés d’éricacées et ils représentent 7 % du domaine bioclimatique de la pessière à mousses sous la limite nordique des forêts attribuables. Les dénudés secs sont la conséquence d’accidents de régénération et se créent naturellement à la suite de perturbations naturelles successives. Jusqu’à présent, aucun mécanisme naturel de retour à un peuplement dense ne fut observé. Par contre, plusieurs études ont démontré que le boisement des DS par la régénération naturelle, soit par les semis naturels issus de graines et par la régénération pré-établie, suite à des traitements sylvicoles, était possible, du moins à court terme. L’objectif principal du projet était donc de déterminer l’impact des approches sylvicoles sur la régénération naturelle d’épinette noire des DS afin d’évaluer leur contribution dans les efforts de boisement des DS. Deux dispositifs distincts ont donc été mis en place. Un dispositif en sept blocs aléatoires complets fut installé en 1999-2001, comprenant deux types de peuplements (dénudés secs (DS) et pessières noires à mousses (PM)) ayant subi des traitements sylvicoles (PM coupées et scarifiées et DS scarifiés). Un autre dispositif en cinq blocs aléatoires complets fut installé en 2005, comprenant également deux types de peuplements (DS et PM) ayant subi des traitements sylvicoles (coupé sans scarifiage, coupé avec scarifiage et le scarifiage seul pour les DS seulement). Ces dispositifs visaient à comparer la croissance et le rendement de la régénération naturelle des deux types de peuplements et des différents degrés d’intensité des perturbations en termes de hauteur, de diamètre, d’âge et de biomasse. L’étude a démontré la nécessité du scarifiage afin d’assurer l’installation de semis naturels. Bien que les résultats aient démontré que les semis naturels des DS accusaient un retard de croissance, ils ont également démontré qu’une perturbation plus agressive améliorait cette croissance. Malgré tout, le nombre plus élevé de semis dans les DS a compensé pour leur croissance moindre. Les résultats n’ont pas démontré d’impacts positifs des traitements sylvicoles sur la régénération pré-établie, tant dans les DS que dans les PM. L’étude a permis de démontrer qu’il était possible d’envisager la contribution de la régénération naturelle (soit les semis naturels et la régénération préétablie) dans les efforts de boisement des dénudés secs.

http://constellation.uqac.ca/2522/1/030332134.pdf

Isabelle Delisle, biologiste, M. sc.